La pédagogie Démos confirme ses bienfaits à Vitagliano : apprendre à jouer d’un instrument améliore les performances nécessaires à l’école

Depuis quatre ans à Marseille, Démos, dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale, encourage l’accès à la musique classique pour des jeunes issus des quartiers par la pratique d’un instrument en orchestre. Témoignages d’Ayanah, 10 ans, et de Juliette et Anna, prof de flûte et instit’ à l’école Vitagliano, quelques jours après leur concert de fin d’année au théâtre du Merlan.

Ayanah, qu’est ce que Démos t’apporte ?

Ayanah Démos, c’est extra. On a eu notre grand concert de fin d’année jeudi dernier, 13 juin, au Théâtre du Merlan et j’étais fière de moi. On était 100 enfants de 7 à 11 ans, de mon école, l’école Viagliano, mais aussi vivant dans différents quartiers de Marseille. Et ma maîtresse ! Cette année, un nouveau cycle de trois ans a repris. Moi, j’ai un peu plus l’habitude que les autres, car c’est ma quatrième année de pratique. J’ai commencé en CE1. Mon instrument, c’est la flûte traversière. Apprendre, c’est un peu rude, surtout pour les doigts au début, et on doit être très concentré, mais on m’a dit que j’avais drôlement progressé cette année. En fait, ce qui me plaît avec la musique classique, c’est le calme qu’elle procure. L’année prochaine, c’est sûr, même au collège, je continue. La flûte m’a fait grandir !

 

Justine et Anna, vos ressentis après cette année avec les enfants ?

Justine, prof de flûte : je suis flûtiste et j’enseigne dans plusieurs écoles de musique. J’ai souhaité adhérer au projet Démos créé par le directeur de la Philarmonie, Laurent Bayle, pour me sortir d’une certaine routine en enseignant à un public différent. Et parce que je suis convaincue de la puissance de la musique dans nos vies à tous. Pour moi, le but n’est pas de faire des enfants de Vitagliano des flûtistes avertis, mais de leur apprendre à mettre l’instrument au service de l’orchestre. Une vraie école de vie avec ses exigences d’organisation et de coordination, très formatrice au niveau de la concentration et de l’écoute. Sinon, vu la disparité des niveaux des enfants cette année, nous avons fait le choix avec ma collègue (nous sommes deux profs de flûte), de les suivre davantage en individuel, avec un travail en  motricité (placement des doigts) exigeant. Tous ont joué le jeu et ces moments leur ont finalement permis de développer une vraie confiance en eux. J’ai aussi vu une sérénité évidente émerger chez certains au fil du temps.

Anna, instit’ : pour moi, le projet Demos, qui s’inspire d’El Sistema, au Venezuela, c’est d’abord une vraie chance donnée aux enfants de  découvrir un univers inconnu d’eux et d’affiner leur curiosité. La pédagogie proposée s’inscrit dans la durée, avec une vraie intensité. Elle leur donne le temps de progresser, de développer des qualités telles que l’engagement, la régularité, la patience ou la persévérance, très utiles en classe. Les neurosciences ont prouvé depuis longtemps les effets de l’apprentissage de la musique sur la curiosité, l’attention et la mémorisation. Du coup, j’ai moi-même joué le jeu en me mettant à la clarinette. Un vrai plus au niveau du lien créé avec mes élèves. Même si cela n’a pas été toujours évident de les motiver tout au long de l’année, ils m’ont surprise. Le concert de fin d’année a été très émouvant, avec de vrais moments de complicité et une émotion palpable.

 

 Soixante orchestres Démos à l’horizon 2022

L’objectif de Démos, c’est que des travailleurs sociaux, dans les quartiers en difficulté, proposent à des enfants du primaire qui ne seraient jamais allés vers la musique classique de se former, au sein d’un orchestre, à la pratique d’un instrument. L’apprentissage se fonde sur trois piliers : commencer jeune, pratiquer intensément, travailler collectivement dans l’orchestre. Les enfants s’engagent pour trois ans deux fois par semaine. Ils se retrouvent en ateliers, encadrés par des musiciens professionnels et des éducateurs. Régulièrement, ils retrouvent les autres groupes Démos de leur orchestre pour jouer tous ensemble sous la direction du chef d’orchestre.  Une fois par an, ils donnent un “concert” public, restitution de leur travail de l’année.

Initié et coordonné par la Cité de la musique – Philharmonie de Paris, Démos se déploie aujourd’hui dans plus de trente territoires, avec un objectif de soixante orchestres Démos à l’horizon 2022.

A Marseille, le programme Démos porté par Apprentis d’Auteuil est soutenu financièrement par la CAF des Bouches-du-Rhône, la fondation Foujita, le fonds Maranatha, la fondation d’entreprise AG2R la mondiale, Cap Vert énergie, CMA-CGM, Omnes Capital, Bouygues et Denibam.