Voyage dans les glaces arctiques

Préparés tout au long de l’année avec une scientifique, 16 collégiens de Vitagliano sont partis le 11 juin au Spitzberg, une île située au Nord de la Norvège. Récit d’un projet d’éducation à la protection de l’environnement et d’un voyage exceptionnel.

Il est deux heures du matin, Maud, la guide qui nous accompagne, nous réveille en urgence et nous sort des tentes manu militari, nous avons 3 minutes pour être rassemblés sur la butte de surveillance qui surplombe notre camp… car un ours polaire rode non loin, le fameux ours polaire, si majestueux et, en apparence inoffensif qu’il ressemblerait presque à une peluche ! Nous le voyons mieux à la jumelle, il se met à l’eau et nous pouvons l’observer nager pour traverser la baie de Svéa où nous bivouaquons pour 3 jours, proche du glacier du même nom (Sveabreen). Peut-être le croiserons-nous à nouveau…

ours

L’aventure commence quelques mois plus tôt en septembre 2017, la scientifique en écologie Déborah Pardo est recrutée par l’établissement Vitagliano pour intervenir 6h par semaine tout au long de l’année avec les 70 collégiens :

  • 1h30 par semaine par niveau de collège en classe et en TP.
  • De nombreux intervenants extérieurs : spécialiste des énergies renouvelables, chef d’entreprise impliqué dans l’environnement, spécialiste des associations environnementales de la région PACA, spécialiste du zéro déchet, le guide du voyage au Spitzberg, une spécialiste des attelages de chiens de traineaux… une belle mobilisation pour sensibiliser et préparer nos jeunes.
  • Des sorties et activités ont été organisé avec tous les élèves : une sortie ramassage de déchets et sensibilisation sur la plage, une visite thématique du muséum d’histoire naturelle de Marseille sur la disparition des espèces, une sortie en kayak dans les calanques, présentation d’une espèce du monde et de ses problématiques environnementales, dessins pour décorer les murs du collège, travaux pratiques sur le changement climatique (montée des eaux, effet de serre, albédo), web radio, fabrication d’un déodorant zéro déchet.

“Ce que nous voulons c’est créer un enthousiasme pour la protection de la planète, particulièrement à travers le regard des animaux. Nous voulons aussi nous questionner sur l’impact des actions de l’homme et se concentrer sur des solutions créatives et collaboratives à notre échelle.”

Le mois de juin approche à grands pas, les 13 garçons et 3 filles qui voyagent sont prêts. Ils ont entre 13 et 15 ans, leurs parents les ont soutenus, les généreux financeurs ont bien compris l’intérêt et l’enjeu de ce projet fou : la fondation ADOMANI nous a fait confiance dès le début, le groupe Cap Vert Energie, puis la fondation Vitagliano, la fondation Denibam, la fondation Madeleine, l’entreprise Grand Froid qui nous aura chaudement équipés, et beaucoup de donateurs individuels, MERCI, grâce à vous ce projet est devenu réalité !

Le départ

groupe

Le départ est fixé au 11 juin, rendez-vous à 5h30 à la gare saint Charles, direction Charles de Gaulle, puis Oslo, puis Longyearbyen, la ville principale du Spitzberg où nous arrivons à 1h du matin, en plein jour ! Nous le savions mais il faut le vivre pour le croire, cela surprend toujours : le soleil ne se couche pas en cette saison ; encore une occasion d’en savoir plus sur la magie des astres, ce qui n’est plus un secret pour nos collégiens !

Le programme du séjour est sans répit ou presque ; randonnées, kayak, chiens de traineaux, visites, bateau, bivouacs, explorations dans la nature, le tout bien accompagné par nos guides de l’agence 66° Nord ; Quentin, Robin, Manu, Yannick, Ludo et Maud se sont relayés pour nous guider, nous partager leur passion des grands espaces et de la nature et nous sensibiliser aussi à la prise de conscience de protéger notre environnement. Cela commence par de simples gestes comme celui de ne pas jeter de papiers par terre, de ramasser un déchet même s’il ne nous appartient pas, ou mieux, de ne pas utiliser trop de matière plastiques qui terminent trop souvent dans les océans…

svéa

Ours, bellugas, phoques, oiseaux marins, renards, rennes ont accompagné et ponctué notre aventure, nos gestes simples du quotidien contribuant à les protéger. Au Spitzberg les plages sont propres car les habitants ont pris conscience de ne pas jeter leurs déchets, et régulièrement ils se rassemblent pour les nettoyer.

 

Spitbzerg

Quelques témoignages :

« J’ai adoré ce voyage car ça m’a fait découvrir de nouvelles choses, ça m’a fait vivre dans des conditions extrêmes, le camping dans le froid était vraiment super, les paysages magnifiques, même si parfois c’était vraiment dur, j’ai su résister en me disant que ce voyage je ne le ferai pas 2 fois. On a cohabité avec les guides qui nous ont appris plein de nouvelles choses, on n’a pas le droit de se plaindre, j’ai failli craquer mais j’ai repoussé mes limites et j’ai continué pour savourer ce voyage comme il faut. Je suis heureux de l’avoir fait » Enzo, collégien

« J’en retiens que du positif même si c’était dur, je pense que quand je verrai un déchet je saurai comment il peut terminer dans les mers et je le ramasserai » Zak, collégien

« Cette année passée avec les collégiens de Vitagliano m’a énormément apporté et je crois que le défi de les avoir sensibilisés à l’environnement est relevé ! C’était très difficile en tant que scientifique non pas de les intéresser mais de capter leur attention tant il était rude de maintenir la discipline. J’ai été bluffée par les connaissances pointues de certains et par la métamorphose en protecteurs de l’environnement d’autres élèves plus effacés. J’ai aussi été bluffée par le manque d’engagement de certains envers l’environnement. Par exemple je me suis retrouvée déroutée quand un bon nombre d’élèves se vantaient de jeter leurs déchets par la fenêtre des voitures… mais à force de leur montrer les impacts de la pollution sous diverses formes à travers les oiseaux marins, je pense vraiment qu’ils se questionnent désormais sur les conséquences des actes de leur quotidien. Je suis entièrement convaincue qu’ils se souviendront de cette année, en particulier ceux qui sont partis au Spitzberg mais également ceux qui sont restés à Marseille. » Déborah Pardo, scientifique en écologie, en charge du projet.

François Régis Daboval, Amandine Sampol et Bruno Ponçon