Située à Marseille dans le 4e arrondissement, la résidence Elisabeth Reinaud accueille des familles monoparentales avec enfants âgés de 0 à 12 ans ainsi que des femmes enceintes. La résidence a également un accueil spécifique dédié aux femmes victimes de violence. Les familles accueillies présentent de grandes fragilités économiques et relationnelles et leur accompagnement par une équipe pluridisciplinaire (assistante sociale, conseillère en économie sociale et familiale, psychologue) s’exerce au quotidien, de manière individualisée ainsi qu’en petit collectif et à travers des projets spécifiques comme Photovoice.
Ce projet, initié à la résidence Elisabeth Reinaud et soutenu par la fondation Foujita, utilise la photographie comme un outil puissant pour encourager la prise de parole chez les personnes fragilisées et souvent peu écoutées. Cette méthode innovante permet aux parents, experts de leur propre vécu, de « présenter en images et en mots leur réalité… et les changements qu’elles pourraient apporter », explique Marine, assistante sociale à la résidence.
« Ma parole a été entendue et prise en compte »
Trouver sa place et oser s’exprimer n’est pas toujours facile, surtout pour des publics qui manquent de confiance en eux, qui se sentent peu valorisés et qui n’ont pas l’habitude d’être entendus et écoutés dans leur quotidien. La photographie facilite l’expression de soi et de ses émotions, aidant les participantes à prendre du recul et à ne pas parler directement d’eux-mêmes. « Il aide à prendre de la distance, à ne pas parler de soi directement », précise Marine. Une participante témoigne : « J’ai aimé passer un temps différent avec l’équipe sociale lors des ateliers et des repas partagés. Ma parole a été entendue et prise en compte. » L.D.
« Un bon exercice pour prendre du recul sur ce qui est important pour nous »
Pour démarrer un projet Photovoice, il est utile de s’approprier le guide “La prise de parole appuyée par l’art” de la Fédération québécoise des organismes communautaires Famille, qui fournit des outils pour accueillir et soutenir la parole des participants. Pour assurer le succès d’un projet Photovoice, il est essentiel de s’approprier la démarche et les techniques d’animation tout en restant flexible par rapport au guide. Le processus se déroule en trois étapes. Lors de la première rencontre, la démarche, les objectifs et la thématique sont présentés aux participants, qui exploreront ensuite ces thèmes à travers leurs photographies. Lors de la deuxième séance, ils partagent leurs clichés et en choisissent un qu’ils illustreront avec un texte de dix lignes. A la résidence T.O. partage : « j’ai aimé réfléchir dans ma prise de photos, c’était un bon exercice pour prendre du recul sur ce qui est important pour nous. ».
Enfin, la troisième rencontre est un moment d’échange où le groupe discute du projet et décide de son avenir.
Travailler en petit groupe encourage l’expression individuelle, et clôturer le projet par un repas partagé offre un moment de détente après des séances riches en émotions et souvenirs.
« Réfléchir sur le thème de la résidence et ce que cela représente »
Les participantes au projet ont choisi comme thème le lieu d’habitation et ont exprimé des visions diverses : certaines ont mis en avant la sécurité, d’autres la vie collective ou l’accompagnement par l’équipe. C.B. partage qu’elle a « aimé réfléchir sur le thème de la résidence et ce que cela représente pour elle ». M.B.R quant à elle a « pu se rendre compte que l’on vivait parfois les mêmes situations et les mêmes états émotionnels ».
L’engagement total des participantes a abouti à une volonté commune d’exposer leur travail, afin de faire connaître la résidence et de changer les perceptions sur les structures d’hébergement. « C’est intéressant de lui donner une portée extérieure ! » souligne Marine Monier alors qu’une participante s’était exprimée en disant « J’aimerais que cette exposition sorte de la résidence pour toucher plus de personnes. » S.Z.
Une exposition a ainsi été organisée le 27 mai 2024 au sein de la résidence à Marseille, occasion d’ouvrir les portes de la résidence sociale et de la pension de famille Elisabeth Reynaud et de partager des bribes du quotidien, emplis de doute et d’espoir. Les parcours des résidents ont ainsi été valorisés et la fin de ce projet a été fêtée avec tout ce qu’il a produit pour chacun !